Nuit Flamme, une exposition d’André Fortino au FRAC PACA de Marseille

Le travail d’André Fortino se caractérise par la radicalité de ses protocoles. Il s’investit physiquement et intimement en se mettant en scène au sein de fictions dont les personnages incarnent en filigranes la figure tragique et ironique de l’artiste dans son inscription sociale et politique. Sa pratique de la performance l’a peu à peu amené à construire des objets cinématographiques. Il explore différentes versions d’un même protocole, jusqu’à l’épuisement de son propre corps, tout en en multipliant les ressorts dramaturgiques.
Chez André Fortino l’écriture cinématographique est avant tout dictée par les gestes issus d’une rencontre parfois violente entre son corps et un environnement méticuleusement composé. Ces dernières années André Fortino a cédé la place qu’il occupait dans ses films à des amis, des complices ou encore à des inconnus. Son cinéma s’attache désormais à les regarder se transmuer, se déployer, se réinventer dans le cadre temporel qu’il leur propose et qui génère un espace de liberté.
À travers eux il contemple la manière dont ces expériences informent et nourrissent des corps qui se réinventent.

C.Astier & A.R

Communiqué de presse

LE DON

Le don, André Fortino

“La séquence, ténue, ne dure à l’origine que quelques secondes, elle montre un jeune homme torse nu, le regard absent, et qui tient contre sa poitrine deux torches allumées dont les flammes ardentes lèchent jusqu’à son visage. La vidéo a été tournée par l’artiste au Sud de l’Inde durant un rituel de Theyyam. Plusieurs semaines durant, la nuit, André Fortino a sillonné les villages de l’État du Kerala pour assister à ces cérémonies « archaïques » saisonnières que des communautés aborigènes font perdurer depuis plus de quatre millénaires. Lors de ces rituels, des chamanes entrent en contact avec les mondes invisibles afin d’attirer la bienveillance des dieux. Des hommes maquillés, costumés, deviennent des divinités, tandis que d’autres font offrande du feu. Des heures de vidéos qu’il a tourné, l’artiste n’a finalement gardé que quelques secondes, étirées à l’infini : un jeune homme et ses torches de feu dont la présence, malgré son corps à l’écran, semble exister dans un monde invisible. André Fortino a vécu la puissance spirituelle de ces moments d’incantations, il a partagé l’expérience troublante de la modification de conscience et c’est ce seul moment extatique qu’il choisit de conserver. Fasciné par le voyage transcendantale de cet homme autant que par l’énigmatique résistance de ces quelques secondes d’images, l’artiste, de retour en France, isole la séquence, la regarde mille fois, et à la manière du héros du film Blow-Up qui agrandit encore et encore sa photographie jusqu’à ce qu’elle livre son secret, la passe au travers du prisme de la technique pour lui appliquer un ralenti logiciel surpuissant. Techniquement, un ralenti en « flux optique » est à proprement parlé une simulation, des images virtuelles sont générées par un logiciel de montage en vectorisant le déplacement de chaque pixel entre deux « vraies » images consécutives. Cette interpolation permet de dilater une séquence en composant un « espacetemps virtuel ». L’artiste opère par syncrétisme, il convoque un pouvoir hyper-réel technique et l’applique à une séquence de transe spirituelle. »

Extrait du texte de Guillaume Mansart – Août 2019

Actualité de l’artiste

PLEINE LUNE – Performance le 12 octobre ACTORAL Festival international des arts & des écritures contemporaines à Marseille.

NUIT FLAMME, exposition à voir au Fond Régional d’Art Contemporain PACA du 12 octobre au 5 janvier 2020. (Vernissage au FRAC le 11 octobre à 18H-Marseille)

LE DON, Salon Camera Camera, OVNI, 29 novembre au 1er décembre 2019, Nice.